Mathieu Lavigne, intervenant jeunesse autochtone : entre art, dialogue et Réconciliation
Invité récemment à l’émission Phare Ouest de Radio-Canada, Mathieu Lavigne, intervenant jeunesse autochtone à l’école Au-cœur-de-l’île de Comox, a présenté une initiative culturelle menée avec les élèves du secondaire autour de l’exposition de l’artiste cri George Littlechild, à la Comox Valley Art Gallery , un projet qui reflète pleinement sa démarche éducative et humaine, alliant l’art, le dialogue et la réconciliation.
Mathieu a proposé d’organiser cette sortie spéciale en amont de la Journée du chandail orange. Grâce à la collaboration de tous, la galerie a exceptionnellement ouvert ses portes un lundi pour accueillir les élèves de deux conseils scolaires.


Mathieu Lavigne

Une école idéale, c’est une école qui apprend, applique et valorise les manières d’être et de connaître des Autochtones, et qui reconnaît les bienfaits de ces approches pour toutes et tous. — Mathieu Lavigne, intervenant jeunesse autochtone à l’école Au-cœur-de-l’île (Comox)
La visite a pris une dimension unique lorsque George Littlechild est venu partager son histoire : celle de sa famille marquée par les pensionnats autochtones, et de la guérison rendue possible grâce à l’art. Les élèves ont été profondément touchés ; l’un d’eux a confié avoir mieux compris les réalités autochtones en une heure et demie que durant toute sa scolarité.
Nous lui avons posé quelques questions pour mieux comprendre son rôle, ses inspirations et les valeurs qui guident son travail auprès des élèves.
1. Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton rôle d’intervenant jeunesse autochtone à l’école Au-cœur-de-l’île ? Et qu’est-ce qui te passionne le plus dans ce que tu fais au quotidien avec les élèves ?
Mon rôle consiste à aider les élèves autochtones sur les plans social, émotionnel, académique et culturel, selon les besoins spécifiques des élèves. Ce qui rend ce travail passionnant, c’est la diversité des interventions possibles. Au-delà du soutien individuel, il peut aussi inclure la collaboration avec les familles, les présentateurs culturels, d’autres élèves ou encore des membres du personnel. Peu importe la forme que prennent ces démarches, l’objectif demeure le même : contribuer au bien-être et à l’épanouissement des élèves autochtones.
2. En quoi ton rôle contribue-t-il à bâtir des ponts entre les cultures pour l’ensemble des élèves de l’école ?
Dans notre école, comme l’effectif est assez grand, nous avons la chance de disposer d’un local pour les activités de l’intervenant autochtone. C’est devenu un espace ouvert à toutes et à tous, où les élèves autochtones comme allochtones se retrouvent régulièrement. Cela contribue à la qualité de vie sociale de l’école et démontre l’importance que nous accordons, en tant que communauté éducative, aux cultures autochtones.
Je collabore également avec le personnel enseignant pour organiser différentes activités en classe. Lorsqu’un présentateur·trice vient à l’école ou qu’une sortie est prévue, il est souvent avantageux d’avoir une “classe hôte” à laquelle se joignent les autres élèves autochtones. Cela favorise les échanges, la curiosité et une meilleure compréhension entre les cultures.
3. Quels sont les plus grandes satisfactions que tu rencontres dans ton rôle ?
Mes plus grandes satisfactions ont été ressenties dans des cas où j’ai pu faire une différence positive pour une famille. Par exemple, j’ai aidé une famille à accéder à des ressources qui ont mené à un diagnostic d’autisme pour leur enfant, ce qui leur a donné accès à du soutien adapté.
4. Comment accompagnes-tu les élèves autochtones dans leur identité et leur parcours scolaire ?
Cela dépend beaucoup de chaque élève. D’abord, je prends le temps de connaître les racines autochtones de chacun·e et de m’informer sur ces différentes cultures. Ensuite, nos apprentissages se construisent ensemble, côte à côte, avec des activités, des lectures et des discussions. Certains élèves souhaitent créer un lien plus étroit, d’autres préfèrent garder une certaine distance, il faut respecter ces différences. De même, certain·e·s veulent en apprendre davantage sur leur culture, tandis que d’autres non. Nous avons aussi des activités plus générales et rassembleuses, comme l’élimination de plantes invasives dans notre petite forêt, ou encore des moments de jeux de société pendant les récréations, qui nous permettent de tisser des liens.
Une fois ces liens établis, il devient plus facile d’accompagner les élèves, que ce soit sur le plan académique, social ou émotionnel. Le local autochtone, avec son atmosphère chaleureuse et accueillante, joue un rôle important : on y lit, on y partage des repas et on y fait des bricolages comme du perlage, par exemple. J’organise aussi des sorties et des ateliers, toujours dans le but d’être exposé à des personnes et à des connaissances autochtones inspirantes.
Pour Mathieu, ces activités permettent de faire vivre la réconciliation de manière concrète : « Les Autochtones racontent bien mieux que nous leurs propres histoires. À travers leurs voix, on comprend la beauté et la douleur de leur histoire, qui fait partie intégrante du Canada. »
Prochainement, Mathieu souhaite poursuivre ce travail en créant, avec Marie-Claude Lessard, une activité d’art et de recherche à grandeur d’école autour du corbeau, oiseau espiègle et symbole fort, qui vient quotidiennement visiter les fenêtres de l’école.

Pour Bonnie Lépine-Antoine (Michif / Wendat), directrice de la Réconciliation et de l’Éducation autochtone au CSF :
« Mathieu incarne un véritable allié des communautés autochtones et joue un rôle actif dans la promotion d’une Réconciliation authentique au sein de son école. Son engagement envers les élèves autochtones se manifeste par un dévouement remarquable à les accompagner dans la découverte et la valorisation de leur identité culturelle. »
Animé par un profond respect des cultures et un réel désir de bâtir des ponts entre les communautés, Mathieu met l’humain au cœur de sa mission.
« Grâce à ses actions concrètes et son approche bienveillante, il crée un environnement où ces élèves peuvent se reconnecter à leurs racines, renforcer leur estime de soi et s’épanouir pleinement. Le travail de Mathieu est non seulement inspirant, mais il constitue aussi un modèle de leadership engagé envers la justice sociale et la diversité », explique Bonnie Lépine-Antoine
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